22 mars 2015
Agriculture
En écrivant ces mots : agriculture biologique, j’ai conscience d’arriver au cœur de cet ouvrage et aussi d’en aborder l’aspect le plus difficile. J’ai connu une époque où les quelques agriculteurs qui pratiquaient cette méthode le faisaient d’une façon quasi honteuse pour échapper aux sarcasmes de leurs collègues se gaussant de ces fous, ces mystiques, ces attardés, qualificatifs le plus souvent utilisés pour les désigner à la dérision publique. Quant aux rares journalistes qui tentaient, non pas de les défendre mais simplement de chercher à comprendre leur démarche, ils s’exposaient aux injures, voire aux menaces des « nouveaux notables » de l’agriculture officielle depuis les dirigeants du syndicalisme jusqu’aux commis-voyageurs et techniciens de l’industrie chimique. Le lecteur ne peut imaginer le climat de haine qui entourait, dans les années 1970, l’agriculture biologique : tout était bon pour l’accabler et cette unanimité était certainement la meilleure preuve qu’elle était dans la vérité et apportait la seule réponse aux problèmes agricoles ; mais le dogme officiel n’en voulait à aucun prix.
Jean-Clair Davesnes, 1989, L’agriculture assassinée, p.199
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