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17 octobre 2016

Dimanche nous étions à St-Bart... à la montââgne

Les 3 et 4 septembre, nos actifs camarades ariégeois ont organisé pour les copains de la région Midi-Pyrénées un sympa petit week-end en montagne. De retour de ces péripéties, un des heureux randonneurs nous a écrit son ressenti sur ces deux jours entre amis :

Nous partîmes une vingtaine, nous revînmes une vingtaine : c'est déjà ça !

Mais on avait oublié les tracts, les affiches, les autocollants... Du coup, pas une adhésion. Même la chèvre qui a prétexté devoir s'occuper de son petit. Quant à l'aigle, il était déjà adhérent.

A part ça, ce fut une belle rencontre qui nous a permis de nous éprouver un peu ; chacun face à soi-même (le corps : "j'en peux pûûûûs !", l'âme : "ferme la et avance", l'esprit : "putain les mecs, on est bien hein ?") et surtout entre nous (bonjour, je m'appelle François, j'ai appris mon antisémitisme récemment...).

C'était presque trop facile, trop évident. A se demander s'il y a vraiment un travail de réconciliation à faire ! N'eut été cette saine ambiance d'incorrection politique, on eut cru à une manif pour le "vivre ensemble". Un comble !

Mais foin de dégoulinants bons sentiments. Évaluation froide et factuelle : organisation : OK, cohésion : OK, respect : OK, solidarité : OK, volonté : OK, humour : OK... Bilan positif. Largement.

Pourtant, au début la balade, quelques mots échangés avec un randonneur revenant du nord ont éveillé quelques inquiétudes, voire des soupçons chez les plus perspicaces. Nous apprîmes qu'il nous fallait passer par "la vache crevée" pour aller à "l'étang du diable" et enfin gagner "le trou de l'ours"... Allait-on échapper au "défilé de la mort" ? au "pierrier fatal" ? à "Pôle Emploi" ? Non. Nous n'évitâmes rien de tout cela et fîmes face à tous ces dangers avec un courage à faire pâlir d'envie un guerrier zoulou.

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Première grimpette. "Allez les gars..." (il y en a bien qui ont tenté la discussion théologico-politique en même temps que la marche... pas longtemps...)

Deuxième grimpette. "...c'est la dernière..."

Troisième grimpette. "...après celle-ci..."

Quatrième grimpette. "...tiens, j'm'en souv'nais pas de celle-là..."

Cinquième grimpette. "..." (C'était en fait une seule phrase entrecoupée de grimpettes).

Au bout d'une heure, nous saisîmes enfin les ressorts profonds de la méthode manadjeuriale de « notre guide » :

1- Annoncer ce qui va suivre d'un air détaché. Rassurer les gars, au besoin minimiser, voire mentir.

2- Au milieu de l'effort, annoncer ce que les gars sont en train de faire. Lancer éventuellement un provocateur et lointain "P'tites tapettes !" (les gars sont trop crevés pour te courir après avec un scalpel : ils encaissent).

3- A l'arrivée, féliciter les gars. Si quelque esprit de mutinerie persistait, ne pas hésiter à en rajouter sur la valeur de l'exploit accompli : ça flatte. Enchaîner tout de suite à 1- et repartir.

Mais bon, la preuve que ça marche : on a tous marché.

Après la vache crevée (qui sentait aussi bon que le 11 septembre), nous arrivâmes au bivouac. Et là ! Bière FRAÎCHE ! Thé FROID ! Café GLACÉ ! Des militants avaient passé la nuit là et nous accueillaient comme des Princes de la randonnée dissidente. Chez E&R on se fout pas de ton museau !

La section nous souhaita la bienvenue, nous présenta des camarades toulousains, ruthénois, nancéens... bref, des réfugiés climatiques des quat' z' horizons. Ils l'ont bien aimé le vin d'épine les réfugiés. Le vin d'épine ! A 1600 m. C'était la bonne altitude pour déguster le vin d'épine. Le vin d'épine : spécialité ariégeoise autoproduite en vente chez Sanguis Terrae (pas cher). Le vin d'épine : une idée originale, naturelle et patriote pour les fêtes.

Après l'apéro de prince, le banquet de roi. Salades colorées comme un défilé de la gaipraïde, tomates de toutes les tailles, accras, saucisses, merguez... De roi j'vous dis !

La cervelle hyperventilée par les 7 heures de marche, nous réglâmes oralement tous les problèmes de la France et du Monde, nous rigolâmes, nous mangeâmes, nous chantâmes, nous bûmes, nous devisâmes derechef. Soudain l'incident : l'un de nous se déclara juif. Ou presque. Alors nous chantâmes, nous rigolâmes, nous bûmes... etc. Une bien belle soirée.

Allez ! au pieu ! Demain est un autre jour.

Le lendemain, il fut convenu entre les premiers levés qu'aucun ne lancerait le adhan. Hélas, la simple prononciation du mot "réveiller" réveilla un camarade qui d'une tente tonna : "P'tain les mecs ! fermez vos gueules ! Merde ! P'tain !". Bon, en même temps, il fallait y aller on nous avait concocté une "petite boucle". On se doutait bien que l'expression était euphémistique, mais quoi : on est pas des tafiolles sacrebleu ! Et puis, après les 3 jours de trek pour arriver là, nous nous sentions légers sans les sacs.

Nous sommes partis, laissant au bivouac les plus méfiants (ou les moins antisémites peut-être...).

A force de dieudonniser "faut penser aigle les mecs !", On nous avait marabouté, nous insufflant contre la volonté de notre plein gré, l'esprit aquilin (d'aucun l'aurait entendu la nuit rêver dans un dialecte paléoportugais ou peut-être amazonien). Investis de la force de l'aigle, donc, nous volions au dessus des champs de myrtilles, de framboisiers, de pierres... jusqu'à l'étang du diable. Un courageux plongea bravement, les autres pédiluvèrent tranquillement. Chacun avala son sandwich confectionné à partir des reliefs des agapes de la veille. Tentative méritoire de ramener du poisson... un poisson... pas de poisson. Merci Seigneur de nous envoyer cette nouvelle épreuve de bredouillité. Ça se gagne l'autosuffisance !

Petite digestion joyeuse et on repart. Direction : en haut.

Le Pic de St-Barthélemy. 2348m d'altitude. 360° d'horizon. A gauche l'Aude du travail, à droite l'Ariège des valeurs, au-dessus tu sais quoi. Une oraison au Créateur (de style mahométan) fut même effectuée par un fils d'Abraham (-Tu es le fils d'Abraham ? -Euh... oui, entre autres...). Dans la foulée : pic de Soularac 2368m. On les a bouffé les pics.

Puis nous redescendîmes en courant parce qu'on allait se mettre en retard pour l'apéro.

Les plus sobres méprisèrent cette hâte honteuse et marquèrent leur désapprobation en restant au pas.

Au bivouac nous veillâmes évidemment à ne rien laisser traîner (faux antisémites mais vrais écolos). Puis, en ordre dispersé, individuellement ou en groupes, nous rejoignîmes le point de rendez-vous où le reste de l'équipe nous attendaient avec jus de fruits, gâteaux et bouteilles de... VIN D'EPINE bien sûr ! Une idée originale, naturelle et patriote pour les fêtes. Un produit ariégeois.

Nous y refîmes le monde une énième fois, considérant les diverses stratégies de prise du pouvoir, relatant tel souvenir du maquis, discutant l'étymologie de tel mot, la valeur de tel livre...

Et il a bien fallu partir.

En tous cas, gauche du travail, droite des valeurs, ça marche du feu de Dieu. Si je puis dire.

Merci à tous (chacun se reconnaîtra : on n'est pas aux Césars les gars !).

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