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23 octobre 2010

La preuve par l'exemple

 

 

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Alain Soral a déclaré à plusieurs reprises que le cinéma français, en particulier celui de « la nouvelle vague », est d'un bien piètre intérêt. Surtout face au cinéma Ricain et ses super-productions, qui « quoi qu'on en dise, traitent souvent de sujets biens plus actuels et concrets (Harcèlement, Terminator 2, American Beauty) que nos petites fictions nombrilistes » [1]. Plus les années passent, plus cette remarque me semble pertinente. Nous allons voir que c'est notamment le cas de « Bienvenue à Zombieland ».

« Bienvenue à Zombieland » est un film sorti en 2009, qui nous propose de suivre l'épopée de deux survivants au sein d'une Amérique intégralement zombifiée. La société est anéantie, plus rien ne fonctionne. Plus de supermarchés, plus d'hôtels. Mais ils sont encore quelques-uns en vie, dont nos héros, Tallahassee et Colombus. Deux profils que tout oppose. D'un coté il y a Tallahassee, le stéréotype du survivant, une brute solitaire, qui semble sorti tout droit d'un western. Il fait penser à Cizia Zike dans Oro. Et à coté de ça, il y a Colombus un adolescent fragile, mal à l'aise socialement. Il souffre d'anxiété chronique, il n'a jamais eu de petite amie et passe son temps à jouer sur Internet. Dans notre société, c'est l'archétype du looser. Même ses parents sont aussi autistes que lui. Pourtant Colombus a survécu. Comme il le dit au début du film « Je sais que je n'ai pas le profil du survivant avec toutes mes phobies et mes problèmes intestinaux mais j'ai l'avantage d'avoir ni famille ni ami. J'ai survécu car j'ai joué la carte de la sécurité et j'ai suivi les règles. Mes règles ». Et l'on découvrira au cours du film progressivement quelles sont les règles [2]. Mais qu'a donc ce film de si actuel et subversif ?

Pour le comprendre il nous faut avoir recours à quelques considérations théoriques. Nous allons nous baser sur les travaux d'Howard Bloom et les excellentes vulgarisations qui en ont été faites par Michel Drac. Pour Bloom, la société est composée de deux groupes, les conformistes qui se contentent de vivre en utilisant comme sens de la vie le sens dominant dans notre société [3], et les non-conformistes. Bien que les non-conformistes ne soient pas adaptés à la société actuelle, et qu'en plus ils puissent en perturber un peu le fonctionnement, ils sont nécessaires à la survie du système. « Ce sont les agents de diversité. Lorsque ceux-ci s'éloignent du centre de gravité social et commencent à constituer aux marges de la société des sous-groupes qui démontrent une viabilité supérieure, le centre de gravité du système de représentation bascule, et un nouveau système s'impose» [4]. Tout est maintenant clair, Colombus est un agent de diversité. Et Zombieland est éminemment subversif. Car il nous rappelle une chose essentielle, un système de représentation n'est pas forcément éternel. Y compris le nôtre [5].

 

 

 

[1] Extrait de l'article Cinéma (1) de Socrate à Saint-Tropez.

[2] La première règle est d'avoir une bonne endurance physique, ce permet de partir en courant pour échapper aux zombies. Chose que les obèses n'ont pas pu faire dans le film...

[3] Aujourd'hui le sens dominant, c'est le prisme libéral.

[4] Extrait de Crise économique ou crise du sens ?, p.59, Michel Drac, Scriptoblog

[5] Quand un film comme Zombieland fait 25 millions d'entrées le jour de sa sortie, c'est le signe d'un pays qui doute sérieusement de son système de répresentation et qui s'interroge sur un possible basculement.

 

 

 

  Romain pour E&R Midi-Pyrénées.

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