04 avril 2019
11 Novembre 2018 - Entretien avec Pierre de Meuse
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02 mai 2013
La Serbie en dix questions ou l'interview d'un jeune étudiant Serbe à Toulouse
- Quel est le contexte socio-politique et économique de la Serbie ?
Aujourd’hui, le contexte politique et socio-économique se caractérise par la complexité des circonstances et des facteurs qui l’influencent. Ce contexte a plusieurs composantes :
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Les évènements des deux dernières décennies qui n’ont été autres qu’une atmosphère de guerre, de destruction de l’humain, de sanctions internationales, de crises économiques, spécifiquement de disparitions des industries. Ce qui n’a rien à voir avec la belle représentation qu’avait été la Serbie durant la période communiste.
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La mondialisation et la position géo-stratégique de la Serbie au regard des grandes puissances qui sont défavorables aux intérêts serbes.
- Enfin une confusion des valeurs. Le système de valeurs créé durant la période communiste fut remis en question et détruit.
Mais le nouveau système libéral imposé par l'Europe n'a pas rencontré des conditions permettant son implantation. Il y a aussi une crise des valeurs morales et nationales.
- Comment est la vie là-bas ? Est-ce difficile de trouver un travail ?
Il est très difficile de trouver du travail, très facile de le perdre, il y a de l’insécurité. Une perte d’espoir généralisé dans la population, les prix grimpent et les salaires restent les mêmes. Pendant ce temps, rien ne laisse espérer un changement positif de la situation.
- Est-ce que le pays est touché par la crise financière ?
Oui à tous les niveaux, en partant de l’économie étatique, puis l’industrie, les salaires, les investissements dans la culture. Cette culture reflète d'ailleurs le modèle culturel libéral, et n'investit pas dans les valeurs nationales, nous entrainant toujours plus loin dans le gouffre.
- Existe t-il une conscience nationale Serbe ?
Oui elle existe, mais pendant le communisme elle a été systématiquement piétinée. Ensuite durant Milosevic ce n’était pas bien non plus, parce qu’il conservait le pouvoir et il n’avait pas assez de conscience nationale. Mais la conscience nationale des Serbes est affectée par les grandes défaites de la Nation Serbe qui ont marquées les deux dernières décennies. L’expulsion des serbes de Croatie, du Kosovo, les évènements en Bosnie, au Monténégro, tous ces événements amènent les Serbes à une perte de conscience nationale et une perte de foi en leur propre puissance. La plupart des serbes ne sont pas enthousiastes.
- L'élection d'un "nationaliste" lors des dernières présidentielles de 2012 fait-elle naître des espoirs pour le peuple serbe ?
Je ne le présenterai pas comme ça, rien n’a été fait pour l’instant afin d’améliorer la conscience nationale, et le nouveau gouvernement n’a rien fait. Les politiques du nouveau gouvernement ne sont toujours pas claires, on ne sait pas de quel côté ils vont se positionner. Aujourd’hui Président Nikolic n’est pas le même nationaliste que jadis.Il a beaucoup changé son idéologie, par exemple au sujet de l’Union Européenne ou du Kosovo.
- Est-ce que les Serbes se sentent Européens ? Ont-ils envie d'adhérer à l'UE ?
Au sens historique et civilisationnel les serbes sont liés à l’Europe, mais les relations avec l’Union Européenne se déteriorent, et cela est justifié au regard des engagements et des décisions prises par l’Union Européene contre les intérêts Serbes dans les années passées. Et de ce fait l’enthousiasme concernant l’union européenne est en chute constante pendant qu’un euro-sceptissisme est en explosion.
- Quelles sont les relations avec le Kosovo ? Est-ce que les Serbes peuvent s'y rendre facilement ? La Serbie la revendique t-elle toujours ?
La situation actuelle au Kosovo est une conséquence de la guerre de 1999. Dans cette guerre, l’OTAN (incluant la plupart des pays européens) a bombardée la Serbie et était allié avec l’Albanie afin de les aider à avoir un nouveau pays Alban dans les Balkans. Cette tendance s’est poursuivie même après la chute de Milosevic ce qui a conduit le Kosovo et les Albanais ont déclaré l’indépendance du Kosovo, ce que la Serbie ne reconnait pas, tout comme les Nations Unies. Il reste à voir comment ce problème va évoluer dans le futur. La grande majorité des Serbes qui vivaient au Kosovo avant 1999 ont été exclu et des milliers ont été tués. Des centaines de temples, de monastères, d’églises orthodoxes et de cimetières ont été détruits. Des milliers de maisons détruites également, ce qui empêche un éventuel retour des Serbes. Pour les Serbes, et notamment ceux qui vivent au sud de la rivière Ibar, il n’y a ni liberté de circulation, ni sécurité. Et c’est la collectivité la moins bien traitée en Europe aujourd’hui. La réalité du Kosovo accable la conscience nationale Serbe.
- Est-ce que la guerre des Balkans est encore présente dans les têtes ? Dans le paysage ?
Absolument. Elle est présente dans l’esprit des gens, de toutes les nations qui ont participées: histoire nationale, rappel des conflits ethniques, les croates célèbrant les albans, faire face aux nouvelles exigences.
- Comment vois-tu l'avenir de ton pays ?
Ce n’est pas une question facile. J’espère que la situation va aller de mieux en mieux, en allant vers un programme de développement national dans les futures décénnies, ce qui inclue une consolidation du système de valeur, un redressement économique, une croissance générale du niveau de vie.
Interview par Léo et Mezy
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