19 mai 2010
De crise en crise
Les crises économiques se suivent et se ressemblent. La crise de l'an 2000 avait laissé la place à une reprise progressive sur cinq ans, de 2003 à 2008 mais la sortie de la crise de 2008 n'est pas en vue. En dépit des discours officiels optimistes, et malgré le plan de relance de 50 milliards d'euros, l'affaire grecque semble avoir brisé l'espoir d'une rapide sortie de crise. Les experts s'affolent, entraînant une nouvelle chute de la bourse (600 points en moins sur le dernier mois). D'autant plus que d'autres nations pourraient être touchées prochainement : Portugal, Espagne. Que nous arrive t’il exactement ?
Nous sommes en train d'assister à un lent mouvement de fond dans lequel la réalité économique rattrape le monde financier. On le comprend désormais parfaitement, le monde financier et spéculatif marche beaucoup « à la psychologie ». Tel un enfant, le marché a besoin d'être rassuré lorsque la situation va mal, sans quoi il va de plus en mal. Et c'est souvent les états qui viennent rassurer « l'enfant » à grand coup de milliards. Le plan de relance de 2009 avait pour but premier de ramener la confiance sur les marchés, pas de sortir l'économie française d'une impasse de type subprime ou faillite. Le véritable problème est que les nations occidentales vivent au-dessus de leurs moyens depuis de longues années. La solution adoptée a été de stimuler la croissance artificiellement en poussant toujours plus la consommation par le crédit, que ce soit pour les états comme pour les ménages. Solution qui fonctionne un temps seulement.
Examinons le budget de la France sur les trois dernières années (source: feuille d'avis d'imposition des trois dernières années):
Nul besoin d'être devin pour se rendre à l'évidence, il ne sera pas possible de rembourser la dette même avec un plan d'austérité draconien. Pour faire un parallèle, imaginons que vous gagnez 20 000 € par an et que vous en dépensiez 31 000 €. Avant même que vous ayez atteint les 31 000 €, les ennuis arriveront : rappels d'impayés, menaces de saisie... Cette situation ne sera pas tolérée pour un particulier et pourtant elle l'est au niveau d’un état !
L'avenir de nos pays est donc totalement incertain. Et les crises se reproduiront tant que notre niveau de vie sera supérieur à nos revenus. Progressivement les créanciers des états occidentaux, d'autres états ou des banques d'affaires privées, mettront la pression pour récupérer leur argent – ou plutôt les intérêts du capital prêté. Le centre du capitalisme se déplacera vers l'Asie du sud-est sous l'effet de la délocalisation. L'Europe deviendra, à l'image des États-Unis, une zone très faiblement industrialisée, reposant entièrement sur les emplois de service. Tous ces changements risquent bien de causer de forts troubles sociaux et politiques. La date de rupture est assez difficile à prévoir. Est-ce dans un an ? dans deux ? ou dans vingt ans ? Difficile à dire. Une seule certitude, la situation financière et économique actuelle n'est plus durable. C'est pour cela qu'il faut se tenir prêt, se former politiquement. Imaginer une alternative viable pour éviter, en cas d'effondrement du système capitaliste, de laisser la main à une masse décérébrée par la consommation et sans aucun projet politique.
Romain.